U V W (en cours de construction)

U V W

[ UVW ] (mapping) is a mathematical technique for coordinate mapping used in 3D computer graphics. The UVW (mapping) is suitable for painting an object’s surface based on a solid texture. Like the standard Cartesian coordinate system, it has three dimensions; the third dimension allows texture maps to wrap in complex ways onto irregular surfaces. Each point in a UVW map corresponds to a point on the surface of the object. The graphic designer or programmer generates the specific mathematical function to implement the map, so that points on the texture are assigned to (XYZ) points on the target surface. ‘ (source wikipedia)

 

‘‘ Tout n’est qu’apparence, non ? ’’  (Alberto Giacometti)

         Notre société est devenue plus que jamais une société de l’apparence, de l’image, du superficiel. Tout ce qui est considéré comme dérangeant et négatif, le défaut, l‘incomplet, l’entre-deux, le désordonné, le sale, (de même que la pauvreté, l’infirmité, la maladie, la mort) se doit d’être caché, ignoré, détourné, embelli, voire manipulé pour être re-présenté. Le paraitre, le mensonge, l’illusion, le ‘’fake’’ deviennent la norme des discours et des comportements de notre époque avec pour effet collatéral l’apparition d’un état d’esprit sur-critique voire même conspirationniste et complotiste où tout doit être remis en question par chacun y compris les acquis scientifiques et historiques les plus indiscutables. L’émergence d’une société du doute en pleine crise et en pleine mutation.

         Cette société de façade trouve un écho naturel au travers de cette série de photographies réalisée sur les bâches d’immeubles en travaux, qui plus ou moins explicitement cristallisent toutes ces caractéristiques sociétales en agissant comme un révélateur.

         Ces bâches matérialisent comme les décors d’une ville idéalisée, intemporelle, le fond de scène d’un théâtre urbain immuable qui refuse l’accident et le changement, un rideau séparant le réel de son double fantasmé, et devant lequel on se doit de jouer la comédie, dans une mise en scène collective où chaque individu devient l’acteur malgré lui d’un scénario des apparences.

         Ce lien fictionnel avec la notion de décor renvoie également au thème de la réalité augmentée et du virtuel. La technologie rapproche aujourd’hui de manière de plus en plus indistincte le vrai et le faux, le réel et l’artificiel. Les bâches imprimées créent l’enveloppe charnelle d’objets numériques mappés à l’échelle 1 à la frontière entre réalité et virtuel. La ville hybride qui en découle apparait ainsi comme un collage ambigu d’édifices réels et fictifs, parfois inachevés, qui interrogent en arrière-plan le rapport de l’architecture à son enveloppe, et indirectement le rapport de notre corps à son environnement, et donc au réel.

         Cette série est enfin aussi une manière de questionner les spécificités du médium photographique et de son rapport à la réalité et au temps. Toute photographie n’est qu’une image de la réalité séparée du réel par une couche superficielle qui nous empêche d’y accéder, et que les bâches d’une certaine manière incarnent physiquement; la réalité perçue n’étant elle-même qu’une image mentale incomplète, partielle reconstituée par notre cerveau, une copie altérée de la réalité. Photographier ces bâches, c’est réaliser des photos de photos, des reproductions, et donc s’attarder sur la valeur documentaire du medium photographique, ce qu’on voit ou qu’on croit voir, qu’est-ce qui est vrai. C’est également se pencher sur la valeur du temps car de par leur nature éphémère, les bâches constituent en elles-mêmes un fragment d’histoire, comme la photographie.

         Plus généralement ce travail rejoint des préoccupations et des questionnements sur le thème transversal de l’artificialité et  de la plausibilité du réel. C’est une approche globale qui traduit un rapport personnel à la réalité, une perception du monde, et qui pose comme manifeste, affirme sans détours, que la photographie n’est pas le réel.