POINTS.DE.VUE

POINTS.DE.VUE

     Résidence de création photographique en Gaume 2021

     C’est dans le cadre du tout nouveau Gaume Images Festival (GIF) que j’ai été invité par son initiateur Jean-Michel Jagot à participer fin mai 2021 à une résidence de création photographique en Gaume. Accueilli par le Centre culturel de Rossignol-Tintigny (CCRT) et son directeur Bernard Mottet, il a été convenu de travailler sur un territoire d’étude couvrant une surface entre Tintigny, Étale, et Meix-devant-Virton. Vingt photographies devraient être produites pour une exposition dont le sujet, volontairement ouvert, doit néanmoins se concentrer sur des thématiques en lien avec l’architecture et le paysage, et leur dialogue.

     Après quelques repérages préalables dans ce périmètre dense entre bâti et nature, encore inconnu pour moi, il m’a paru évident, une fois sur place qu’un certain nombre de composantes caractéristiques émergeaient. Assez rapidement, l’idée retenue pour produire une série de photographies a été d’articuler une démarche sérielle – une collecte quasi documentaire d’objets, de lieux, de paysages – avec une approche personnelle d’auteur centrée autour de la remise en question du réel. L’objectif fixé : permettre une double lecture au récit photographique mis en place.      

     Cette volonté initiale de compiler et assembler des micro-récits entre réel et fiction, des points de vue qui racontent un rapport personnel aux choses – un point de vue – sur le paysage et le territoire d’étude imposé est finalement devenu le titre de la série et de l’exposition, soit une relecture des lieux rencontrés présentant ainsi ma perception de la région. Une vision forcément subjective et incomplète, voire réductrice, mais tentant de synthétiser ma compréhension de la zone expérimentée.           

     Des points de vue qui incarnent tout d’abord des éléments significatifs du territoire : l’eau, la forêt, le rail, les champs, les animaux d’élevage, le monde agricole, l’histoire, l’industrie du bois, l’habitat ancien et plus récent, le patrimoine, la météo et ses ciels changeants, le paysage et la végétation très verte, les voies, les routes, les églises et leurs cimetières, les légendes, les équipements tels les châteaux d’eau et les ponts, etc. Le défi était de ne pas tomber dans le piège du cliché, de la carte postale, de ne pas faire du beau pour le beau, mais du signifiant.   

     Des points de vue, c’est-à-dire également une démarche artistique, un positionnement sur le réel dans une approche personnelle. Des images parfois à la limite de la fiction et du plausible, afin de provoquer chez l’observateur un doute, l’amener à requestionner son rapport au réel, au déjà connu, le forcer à revoir autrement la réalité. Chaque photographie se doit alors de questionner, d’être mystérieuse, voire incomplète, et ainsi laisser au spectateur la possibilité de ‘’terminer’’ un récit en fonction de ses références et de son vécu.        

     C’est donc dans cet esprit que ces images ont été pensées. Toutes les photos de ce travail ont été réalisées avec un appareil numérique moyen format haute définition (FujiFilm GFX100s 102 MP), et une focale fixe de 50mm (Canon TS-E 50 2.8 Macro à décentrement) très naturelle et qui me semblait bien convenir à la douceur des paysages gaumais. Le format est toujours du 4×5 horizontal, un format généreux et assez neutre. Toutes les photos sont en couleurs et ont – par chance grâce à une météo peu ensoleillée – la même ambiance lumineuse. Le but était d’avoir un ensemble aussi homogène que possible pour que l’œil se fixe et s’interroge sur le contenu et non pas sur les changements d’ambiance, de contrastes, de teintes, ou de format.